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LA MISE EN ŒUVRE DES ETATS GENERAUX DE l’EDUCATION NATIONALE ET DE L’ALPHABETISATION SUR LE POINT D’ENFANTER LA ‘‘REVOLUTION CURRICULAIRE’’.
Les différentes crises qu’a connues la Côte d’Ivoire ont impacté négativement l’école ivoirienne. L’on a déploré la destruction d’infrastructures, la baisse du niveau des élèves sans oublier la crise mondiale des apprentissages.
Tout était problématique, de la vitalité des infrastructures aux intrants et ressources pédagogiques, en passant par l’environnement scolaire. Le mal était profond. La tricherie, la fraude, les grèves intempestives, les congés anticipés et les mouvements d’humeur au sein ou dans le voisinage des établissements scolaires s’étaient érigés en monstres indéboulonnables.
Les premières années de gouvernance du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane Ouattara ont été mises à profit pour résoudre l’épineuse question de l’accès et l’équité. Les infrastructures scolaires étaient dans un état comateux désastreux et parler de qualité, là où l’éléphant éducatif traversait une période difficile.
Une intensification à outrance des réalisations d’infrastructures scolaires, les réformes telle que la scolarisation obligatoire, font force de loi, et premier signe visible de cette révolution éducative, de 2011 à ce jour, la Côte d’Ivoire part du simple au double ou parfois au triple. Les chiffres sont d’une éloquence imbattable, le pays passe de 294 collèges et Lycées publics de l’indépendance à 2011 à 902 en 2024 et de 8 établissements d’excellence à 24 dont 15 lycées d’excellence de jeunes filles avec internat sortis de terre. Celui de Sinématiali a été inauguré le 31 mai 2021 par la Première Dame, Madame Dominique Ouattara.
Il faut également noter que le taux brut de scolarisation au primaire est passé de 83,8% en 20211 à 105,9% en 2025. Le taux de scolarisation au premier cycle est passé de 38,7 % en 2011 à 82,3% en 2025.
Une fois l’écart de l’accès adressé avec pugnacité, nonobstant les défis résiduels, la Côte d’Ivoire fait le choix de l’introspection courageuse et décide de passer à un autre cap, résoudre l’épineuse problématique de la qualité. Un nouveau soleil se lève ainsi, avec l’organisation des Etats Généraux de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation EGENA.
Le système éducatif ivoirien fait sa mue après un diagnostic pointu. La qualité avait plié l’échine, il fallait parer au plus pressé mais dans une démarche méthodologique, ordonnée et coordonnée. (EGENA).
Neuf mois de consultation et de concertation nationale, à l’image d’une grossesse et d’un accouchement sans césarienne, à travers un processus participatif, inclusif et démocratique, c’est ce qu’il a fallu pour générer les 42 leviers transformateurs des recommandations des EGENA et dont l’opérationnalisation devra aboutir de manière impérative et irrévocable, à la revalorisation significative de l’offre éducative nationale.
L’AUBE D’UNE NOUVELLE ESPERANCE
Les Etats Généraux de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation ont posé les jalons de la nouvelle école ivoirienne, une boussole à six tentacules majeures, à savoir une école résiliente fondée sur l’enracinement et l’ouverture, l’équité et l’égalité des chances, la qualité pour tous, la promotion de l’individu et de la société, le leadership efficace et une nouvelle conduite du changement, une école apaisée, apolitique et incarnant les ambitions en matière de développement de la Nation, le tout adossé à une théorie du changement.
A travers cette théorie qui implique les liens hypothétiques entre les intrants, les résultats et les impacts finaux, le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation MENA vise à former des citoyens capables de contribuer au développement socio-économique de leur communauté et de la société ivoirienne, de promouvoir la cohésion sociale, tout en assurant les capacités en matière de compétitivité et d’innovation technologique.
Pour concrétiser cette vision, les EGENA ont appelé à "bâtir une école d’excellence centrée sur la réussite des élèves et l’appropriation des valeurs de la République" . Ouvrir sa tête au monde en ayant les pieds trempés dans les valeurs citoyennes.
Agir, il faut passer à l’opérationnalisation et les leviers transformateurs sont déclinés à court, moyen et long terme. Le chapelet s’égrène de jour en jour, le rouleau se déroule, les actes parlent. En sus de la pacification de l’environnement scolaire avec l’éradication du phénomène des congés anticipés, la lutte contre la tricherie est drastique . Des mesures fortes telles que les campagnes de sensibilisation et la vidéo surveillance. L’on passe de 16.428 cas de fraude au baccalauréat en 2020, à 574 cas en 2024. Les résultats sont visibles.
LES EGENA sont en marche
Retour de la dictée classique et des coefficients différenciés. Résultats, la Côte d’Ivoire est championne mondiale de dictée en 2024 au Canada et décroche 3 médailles d’or et 2 médailles de bronze aux olympiades panafricaines de mathématiques au Botswana.
La problématique de la disparité des enseignants est en train d’être résolue avec les recrutements ordinaires et exceptionnels au niveau du secondaire.
Dans le primaire, la régionalisation du concours d’entrée au CAFOP. est mise en œuvre. Désormais, chaque candidat admis sera affecté dans la région de composition qu’il aura préalablement choisie. Il y exercera pendant au moins dix ans, avant d’avoir droit à une affectation hors de cette région.
La Côte d’Ivoire adopte enfin, sa politique et sa stratégie de digitalisation du système éducatif national, dans sa triple fonctionnalité, comme discipline d’enseignement et outil d’aide à la gestion administrative et la pédagogie.
Le pays entend ainsi oser le pas pour se frotter au rêve des grandes Nations, en permettant aux apprenants, depuis le pré-primaire, de laisser clore leur génie intellectuel pour la créativité multidimensionnelle et l’invention technologique.
La plateforme numérique "mon école à la maison " , un outil comprenant des ressources pédagogiques, des cours et évaluations est mis gratuitement à la disposition des élèves , enseignants et parents.
Le dernier né est le SIGE (le système intégré de gestion éducative), un outil de gouvernance qui permettra également aux usagés d’avoir accès aux informations se rapportant à l’institution scolaire et parcours de leurs enfants .
Le MENA accélère les piliers de la politique linguistique éducative fondée sur le multilinguisme avec l’expérimentation de 10 langues nationales comme langues d’enseignement. Réforme significative pour l’amélioration qualitative de la gouvernance, les Directeurs Régionaux signent désormais, des Contrats d’Objectifs et de Performance COP, ce qui fait maintenant de l’atteinte des résultats mentionnés dans les documents projets, le critère essentiel de reconduction dans l’animation des postes de responsabilité, cette réforme devant s’imposer à tous les niveaux de l’échelle managériale du Ministère.
Mieux, le MENA met en place également, le Programme National d’Amélioration des Premiers Apprentissages Scolaires (PNAPAS) pour améliorer les performances des élèves en lecture, écriture et mathématiques avec 81.041 acteurs déjà formés à ce jour à la fois au Public et au Privé.
La dimension sociale s’est renforcée avec la subvention des COGES à hauteur de 18,4 milliards de Francs CFA l’an pour le moment et la mise en place de la Bourse du Livre BONAMAS, permettant aux élèves de s’offrir les manuels à coût forfaitaire de 10.000 Frs Cfa contre 48.000 Frs Cfa au moins à l’achat.
Les fruits de ces actions sont déjà visibles. Du CEPE au BAC en passant par le BEPC, le tableau est de nette évolution après les débâcles de 2021, dû au durcissement de la lutte contre la tricherie. Le Taux d’alphabétisation des jeunes de 15-24 ans est passé de 52,16% en 2016 à 63,8% en 2023. Le nombre de centres d’alphabétisation fonctionnelle et celui des apprenants sont en hausse respectivement de 2 962 en 2017 à 4 533 centres en 2024 et de 57 299 apprenants en 2017 à 80 875 en 2024.
Les défis sont encore grands, mais le MENA n’entend pas s’arrêter en si bon chemin et l’une des meilleures offres des EGENA reste la révision curriculaire actuellement en cours.
LA REVISION CURICULAIRE, LA PÉPITE DE LA REVOLUTION EDUCATIVE NATIONALE.
De longues étapes ont été déjà franchies et depuis le 28 juillet 2025 à Yamoussoukro, les experts nationaux, les techniciens disciplinaires et pédagogues avertis, travaillent à la pré-validation des outils des nouveaux programmes de Côte d’Ivoire.
Le choix intelligent et visionnaire du changement de paradigme a été fait. Les instructions du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA ont été incisives et claires et le Professeur Mariatou Koné, sous le magistère du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Monsieur Dr Beugré Mambé, s’est engagée à offrir aux enfants de Côte d’Ivoire, des programmes actualisés tenant compte des réalités du 21 e siècle et des besoins du marché de l’emploi. Cette réforme permettra de faire de nos enfants, de meilleures ressources humaines.
Les pas réalisés nous mettent déjà la belle fraise à la bouche. Dans ces moments de ‘‘retraite éducative’’ dans les laboratoires de réflexion et de partage d’expérience à Yamoussoukro. Tout est passé au peigne fin, discuté, amendé, peaufiné, pour proposer des outils inattaquables à tout point de vue pour les nouveaux programmes.
De la structuration des programmes, aux modalités d’évaluation, en passant par les contenus, les approches pédagogiques et la démarche didactique, les programmes seront enrichis et adaptés.
Toutes les disciplines enseignées sont prises en compte. Les anciens programmes et approches en cours sont disséqués et enrichis.
En attendant la validation définitive, des axes se dessinent avec le renforcement des liens avec les disciplines et les compétences du socle commun, l’utilisation possible du terme de séquence en lieu et place de leçon dans la mesure où il serait plus flexible et englobant, la formalisation de l’interdisciplinarité, une flexibilité dans les approches pour tenir compte de la spécificité de l’apprenant, le traitement des compétences disciplinaires de manière plus pratique, sans oublier la prise en compte des compétences du XX1 è siècle, avec aussi de nouvelles thématiques dans les domaines de l’environnement, la santé, l’hygiène, l’eau et l’assainissement, l’histoire générale de l’Afrique, la Charte africaine de la démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernante, le genre, l’inclusion sociale, avec notamment tous les cas de handicap, etc.
L’instruction est sans ombre, il faut élaborer de nouveaux programmes qui répondent aux attentes des populations et qui placent les apprenants en bonne posture sur le terrain des défis internationaux. Les disciplines retranchées intramuros feront désormais de la pratique également extramuros avec une palme d’or accordée au savoir-être, ce qui réconciliera les programmes avec la première et principale fonctionnalité de l’éducation, tels que mis en relief par les EGENA, l’ancrage dans les valeurs citoyennes.
La Ministre Mariatou KONE a eu le nez creux, force de frappe d’un génie managérial doublé d’un sens de technocratie avéré. Toutes ces réformes, ces activités sont organisées à l’intérieur de deux programmes complémentaires phares gérés par des unités de coordination. Il s’agit du Programme de Renforcement du Système Educatif de Base (PRSEB) et du Programme d’Appui à la Transformation de l’Education de Base (PATEB).
Comme domaines de résultats, Le PRSEB travaille à accroître l’accès équitable à l’enseignement de base dans un environnement sécurisé et résilient, à améliorer la qualité de l’enseignement et les pratiques de classes, à renforcer la gestion et l’obligation de résultats tout au long de la chaîne de la prestation des services. Le PATEB prend en compte l’amélioration de l’accès et de l’équité, l’amélioration de la qualité des services éducatifs prenant en compte le genre, l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience de la gestion du système.
Le dialogue avec les partenaires sociaux a été renforcé à travers la mise en place d’un cadre permanent d’échanges avec les organisations syndicales, ce qui a permis de pacifier l’environnement scolaire et de juguler les crises et perturbations.
Il est évident que si la Côte d’Ivoire garde ce rythme dans la mise en œuvre des leviers transformateurs, elle surprendra positivement le monde. L’aube de l’espérance nouvelle en une école de qualité dans la transparence, l’équité et le mérite ne sera plus un horizon à l’horizon, si chaque ivoirien dans la bonne foi et la sincérité, s’approprie ce combat citoyen et si tous, sommes conscients au même chef, de la responsabilité à assumer dans la quête d’une éducation au service du développement national, l’héritage qu’il nous conviendra de garantir au mieux, pour les générations d’aujourd’hui et celles à venir.
KETEBO AKA