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Panel de haut niveau sur l’avenir de l’éducation des jeunes : la Ministre Mariatou Koné porte la voix de l’Afrique.
Samarcande, Ouzbékistan, le vendredi 31 octobre 2025 – La Ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, Professeur Mariatou Koné, a pris part ce vendredi à un dialogue ministériel sur les compétences nécessaires pour un avenir durable.
Ce dialogue s’est tenu en marge de la 43e session de la Conférence générale de l' UNESCO.
Représentant le continent africain, la Ministre Mariatou Koné prendra la parole au cours de la 43e session générale de l’UNESCO pour faire le bilan de la coopération dans les domaines de l'éducation, de la culture, des sciences et de la communication.
L'architecte de la transformation de l’éducation selon Stefania Giannini
La Ministre Mariatou Koné porte la voix de l’Afrique en déclinant quatre piliers de compétences pour la jeunesse africaine.
Intervenant au nom du continent africain, elle a d’abord souligné le rôle central de la jeunesse, avec plus de 420 millions d’Africains âgés de 15 à 35 ans, qu’elle a présentée comme étant "le plus grand espoir, mais aussi notre plus grand défi". Pour transformer ce potentiel en prospérité, la Présidente en exercice de la CONFEMEN a articulé son discours autour de quatre familles de compétences indissociables :
Compétences fondamentales : Il est impératif de consolider la lecture, l’écriture, les mathématiques, la pensée critique et l’esprit scientifique. Ceci est d’autant plus crucial qu'en Afrique subsaharienne, regrettera-t-elle, près de 60 % des jeunes de 15 à 17 ans ne sont pas scolarisés.
Compétences numériques : Face à la révolution numérique, la formation doit permettre aux jeunes non seulement d'utiliser le numérique, mais aussi de le « produire, l’adapter et le réguler ». Actuellement, seuls 11 % des diplômés africains de l’enseignement supérieur ont reçu une formation formelle en compétences numériques.
Compétences vertes et entrepreneuriales : Pour la socio-anthropologue, il faut transformer l’impact du changement climatique en opportunité en maîtrisant les métiers de la transition verte et bleue (agriculture intelligente, énergie solaire, économie circulaire, etc.). L’entrepreneuriat semble être la clé, car seul un jeune sur six en Afrique dispose d'un emploi salarié stable.
Compétences civiques et socio-émotionnelles : La cohésion sociale, la tolérance et le respect de la diversité sont essentiels. L’éducation aux médias et à l’information est une compétence de citoyenneté vitale pour contrer la prolifération des discours de haine en ligne, a-t-elle insisté.
Six leviers d’action et l’appel à une alliance éducative
La Ministre Mariatou Koné a ensuite présenté six leviers d’action en cohérence avec les orientations de l’Union africaine et de l’UNESCO, pour réformer les systèmes éducatifs, qui sont entre autres :
Moderniser les curricula pour les centrer sur les compétences et introduire l’entrepreneuriat et la citoyenneté dès le primaire.
Former et outiller les enseignants aux pédagogies actives et à l’intégration du numérique.
Transformer le TVET (Enseignement et Formation Techniques et Professionnels) et le relier au marché du travail, en multipliant l’apprentissage en alternance.
Faire de l’école un laboratoire de citoyenneté par des clubs et des projets communautaires.
Garantir l’équité en luttant contre l'écart numérique de genre.
Appuyer la gouvernance par les données et le financement innovant (partenariats public-privé, mutualisation régionale).
Poursuivant, la Ministre a insisté sur trois principes de réussite : contextualiser sans se limiter, aller vite et bien, et co-investir (gouvernements, secteur privé, jeunesse).
Elle a qualifié l’Afrique de détentrice non seulement d’une "fenêtre démographique", mais aussi d’une "fenêtre d’innovation citoyenne". En combinant compétences techniques et valeurs civiques, la jeunesse africaine sera "créatrice d’emplois, gardienne de la cohésion sociale et actrice de la transition verte et numérique".
Au nom de l’Afrique, la Ministre a appelé à une "alliance éducative renouvelée" avec l’UNESCO et tous les partenaires, demandant que le biennium 2026-2027 donne à chaque jeune Africain "le droit d’apprendre, d’entreprendre et de servir".
Une intervention tellement appréciée par les participants que Stefania Giannini, Directrice générale adjointe de l’UNESCO en charge de l’éducation, n’a pas manqué de saluer son leadership, la qualifiant d’"architecte de la transformation de l’éducation". Elle a évoqué la manière dont, à travers les États généraux de l'Éducation nationale et de l'Alphabétisation, la Ministre Mariatou Koné est parvenue à hisser le pays sur le toit du monde en matière d'éducation et à en faire un pays modèle. Ses efforts ont d'ailleurs été salués lors du récent Sommet mondial sur l'enseignant qui s’est tenu à Santiago, au Chili.